CVJHP Historian, Ângela
Sofia Benoliel Coutinho, prepared the following text in French for Counselor to H.M. King Mohammed VI and honorary Board member H.E. Andre Azoulay, a proud native of Mogador (Essaouira), to demonstrate the impact that Jews of that city had in Cabo Verde. Ângela is currently writing the first draft of a book on these 19th century Jews and their overall role and contributions in colonial Cabo Verde.
JEWISH MERCHANTS OF MOGADOR IN CABO VERDE
Quoique beaucoup moins nombreux que
ceux originaires de Tanger, les commerçants et entrepreneurs juifs nés à
Mogador qui ont vécu ou se sont installés dans l’archipel du Cap Vert pendant
la deuxième moitié du XIXème siècle, ont eu, dans certains cas, une forte
influence dans ce processus migratoire, et dans d’autres, une présence qui a
marqué la société des îles.
Ainsi, parmi les commerçants juifs du
Maroc et de Gibraltar qui font l’objet de notre étude, Moses Zagury fut le seul
grand investisseur dans l’archipel, ayant obtenu en 1875 l’octroi de terrains
pour l’installation de dépôts de charbon dans l’île de S. Vicente. Avec le
surgissement de la navigation à vapeur, cette île est devenu l’objet
d’investissement de compagnies charbonnières britanniques, et à la fin du XIXème
siècle elle était devenue la principale source de revenus pour la colonie. Son Porto Grande
est aussi devenu la plus importante coaling
station de l’Empire Britannique dans le mid-Atlantic,
et au début du XXème siècle c’était le 4ème port avec le plus de mouvement dans
le monde. Ayant vécu à Lisbonne et en Grande-Bretagne, Moses Zagury a négocié
l’utilisation de ces terrains avec des compagnies de charbon britanniques. Il a
gardé un long rapport avec l’archipel du Cap Vert, ayant proposé plusieurs
affaires aux autorités pendant des décennies, et quelques membres de sa famille
ont vécu dans les îles de Santo Antão et S. Vicente. D’autres hommes
d’affaires, comme ce fut le cas de Marcos Auday, né à Tanger, s’y sont
installés grâce à ses investissements. Moses Zagury avait aussi
des affaires en Angola et au Mozambique, d’autres colonies portugaises en
Afrique.
En effet, nous avons remarqué que ceux
nés à Mogador se trouvent parmi les plus mobiles de ce groupe. C’est le cas de
Isaac Zaffrany, que les autorités portugaises dans l’archipel ont noté comme
ayant vécu aux Azores, avec des rapports au Mozambique. Les frères Anahory, nés
à Lisbonne d’une mère de Mogador et d’un père de Gibraltar ont été des
représentants consulaires de plusieurs pays européens dans les deux villes de
l’archipel, Praia et Mindelo, où ils ont exercé des activités commerciales.
Parmi les familles qui se sont
installées dans l’archipel et y ont laissé des descendants que nous arrivons à
identifier, il y a la famille Brigham. Ayres Julião Brigham ou Wayes Ohayon
s’est installé dans la petite localité portuaire de Ponta do Sol, île de Santo
Antão, où l’on se dédiait à l’exportation de produits coloniaux, étant nommé
comme le membre fondateur de la communauté juive de cette île, qui a eu environ
50 personnes au XIXème siècle, et aussi comme l’un des fondateurs de la
localité de Ponta do Sol elle-même. Il est également mentionné par quelques
descendants comme ayant été l’un des pilliers de la vie religieuse de cette
communauté, qui n’a pas eu une synagogue, et qui était constituée surtout par
les familles Pinto, Cohen, Benrós, Levy Bentubo, Auday, Benahim et Wahnon. Il y
a des registres de la présence de Ayres Julião Brigham à la sinagogue de
Lisbonne, où il allait régulièrement, afin de rejoindre sa ville natale. Son
frère, Joseph de Abraham Brigham, né aussi à Mogador, nous a laissé l’un des
documents les plus riches concernant la vie de la communauté juive dans l’île
de Santo Antão, à savoir, son testament, daté de 1907, l’année de son décès.
"Rua dos Judeus" Ponta do Sol, Santo Antão |
La
famille Brigham a aussi investi dans la production d’eau minérale enbouteillée,
dans un territoire où les initiatives dans le domaine industriel étaient très
rares. L’un des membres de cette famille, Abraham Julião Brigham, déjà né au
Cap Vert, fut pendant longtemps l’un des plus grands contribuables de la
colonie, dans la région nord.
Peu
après l’arrivée de la famille Brigham, David Jacob Cohen, lui aussi né à
Mogador, s’est installé à Ponta do Sol, ayant laissé son épouse à Lisbonne. Il
a laissé des descendants qui sont devenus des commerçants réputés dans l’île de
Santo Antão, et plus, tard, à S. Vicente. Il est curieux de constater que l’un
des membres de la famille Cohen, Salomão Moysés Cohen, né au Cap Vert, a fondé
le clan Cohen de l’Amazonie, au Brésil, vers 1890.
Suzette Cohen with photo of ancestors |
Celle qui a probablement été la
famille d’origine juive marocaine la plus influente au Cap Vert pendant le
XXème siècle colonial, c’est-à-dire, jusqu’en 1975, descend de Fortunato Levy,
né à Mogador ou à Rabat, selon la documentation officielle portugaise. Son fils
Bento Levy est né au sud du Portugal, en Algarve, et a été l’un des
entrepreneurs les plus dynamiques de son époque. Il a été nommé à plusieurs
reprises pour des postes de représentation dans des organismes d’Etat de la
colonie, ayant été, avec ses 4 fils, tous nés au Cap Vert, parmi les plus
grands contribuables de la colonie, de la fin du XIXème siècle jusqu’au milieu
du XXème siècle. La famille Levy est aussi devenue grande propriétaire dans
l’île de Santiago, ayant des investissements dans d’autres îles.
Last
but not the least, le commerçant né à Mogador Arão Ben-David s’est installé
dans l’île Brava, où il a créé la société “Ben David & Bendaham”, étant son
associé originaire de Gilbraltar. Parmi ses descendants, le footballeur
capverdien Ben David est reconnu comme ayant été le meilleur joueur de football
du Portugal et des territoires qui intégraient son empire, avant Eusébio.
Copyright 2017 Cape Verde Jewish Heritage Project, Inc.
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